Scandale sanitaire dans un élevage breton de cochons

L214 dénonce un scandale sanitaire dans un élevage breton de cochons

Une vidéo-choc de l’association L214 montre des animaux forcés de vivre au milieu de cadavres en putréfaction ou d’ossements, dans une exploitation près de Quimper.

C’est une nouvelle vidéo-choc sur l’industrie de la viande. Cette fois, elle ne dévoile pas l’intérieur d’un abattoir, mais celui d’un élevage intensif de cochons, situé à Pouldreuzic, dans le Finistère. Ces images de l’association L214, que Le Monde a pu visionner en exclusivité, révèlent, jeudi 16 mars, les « conditions d’hygiène déplorables » de l’établissement, « engendrant des souffrances intolérables pour les animaux ». L’ONG a porté plainte devant le tribunal de grande instance de Quimper pour maltraitance animale – une peine passible de six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende – et elle a lancé une pétition demandant aux autorités la fermeture immédiate de l’entreprise agricole concernée.

La vidéo a été réalisée fin janvier au sein de l’EARL de Trégonguen, une exploitation de taille moyenne, qui fait naître et engraisse chaque année plusieurs milliers de cochons pour les envoyer à l’abattoir. On y voit des animaux maigres, blessés, malades, voire agonisants. Dans leurs enclos et leurs cases gisent un cadavre de truie en état de putréfaction et plusieurs porcelets morts. Des ossements porcins, notamment de mâchoire et de pied, parsèment le couloir principal.

« Insalubrité sordide »

Plus largement, les images attestent d’une absence de nettoyage et de désinfection des bâtiments : des excréments jonchent les allées et d’immenses toiles d’araignée couvrent les murs et les plafonds, barrant même les couloirs permettant d’accéder aux salles d’engraissement. Des seringues usagées et des produits vétérinaires périmés traînent sur des étagères, tandis que le matériel chirurgical destiné à la section des queues gît à même le sol.

« Cette insalubrité générale est sordide. L’éleveur ne doit pas contrôler quotidiennement le bon fonctionnement de l’élevage, comme il le devrait. Les animaux sont livrés à eux-mêmes, nourris automatiquement, dénonce Sébastien Arsac, porte-parole de L214, qui prône la fin de toute exploitation animale. Les défauts de ventilation entraînent des problèmes respiratoires pour les animaux, comme en témoignent les médicaments trouvés dans l’élevage. »

« Nous avons aussi remarqué que tous les cochons ont la queue partiellement sectionnée », ajoute-t-il. Cette pratique, utilisée pour éviter que les porcs ne dévorent l’appendice de leurs congénères, n’est pourtant pas autorisée de manière systématique mais seulement lorsqu’il existe des preuves de blessures.

L’association questionne également la surpopulation de certains enclos et leur dénuement qui empêche les cochons « d’exercer leurs comportements de recherche et de manipulation, ce qu’exige la réglementation ». A défaut de foin, de paille ou de sciure de bois, les truies ne disposent ainsi que d’une simple balle reliée à une chaîne métallique. Au bout du compte, l’élevage contrevient à plusieurs directives européennes et arrêtés français relatifs à la protection des porcs et des animaux d’élevage.

« Le risque de transmission de dangers ayant un impact sur la santé animale, mais aussi sur la santé humaine, est maximal », prévient la vétérinaire Hélène Gateau, à laquelle l’association a soumis les images. « Comment peut-on laisser des animaux, des êtres vivants, à la charge d’un éleveur visiblement dépassé ? Que font les autorités et les services vétérinaires ? », s’interroge-t-elle.

Surchage de travail

Contacté par Le Monde, l’éleveur n’a pas souhaité s’exprimer, de même que la direction de la protection des populations du Finistère. Ce sont ses services vétérinaires qui avaient inspecté l’exploitation le 25 mai 2016. Cet élevage est membre de la coopérative Triskalia, cinquième producteur de porc de Bretagne, avec ses 700 éleveurs et ses 1 700 000 cochons commercialisés par an. Le groupe approvisionne le géant français de la viande Bigard, avec lequel il se targue d’avoir développé des filières de qualité (Label Rouge Opale, Bleu Blanc Cœur, etc.).

« L’exploitation en question est un élevage de 130 truies naisseur-engraisseur sur lequel l’éleveur, âgé de 29 ans, travaille seul. Ce dernier s’est installé, en 2013, en pleine période de crise porcine, en rachetant un élevage à un éleveur partant en retraite, indique Triskalia, dans un communiqué. Le manque de nettoyage des bâtiments montré sur les images n’est absolument pas représentatif des élevages de porcs en France et que cette situation est exceptionnelle. Dans cet élevage, la surcharge de travail a amené l’éleveur à se concentrer sur les soins et l’alimentation des animaux au détriment de l’entretien général des porcheries. »

Le groupe précise qu’il va « immédiatement mettre en place un plan d’actions pour accompagner l’éleveur », en lien avec la DDPP, sans évoquer de fermeture de l’établissement.

Agriculture intensive

Pour Sébastien Arsac, la tenue « très préoccupante » de l’exploitation de Pouldreuzic « s’ajoute aux souffrances entraînées par l’ensemble des élevages industriels, qui ne répondent pas aux besoins physiologiques des animaux ». En France, 95 % des porcs sont élevés hors-sol, dans des bâtiments fermés, où ils n’ont pas accès à l’extérieur ni toujours à la lumière du jour. Ils évoluent sur des caillebotis en béton surplombant des fosses dans lesquelles tombent leurs excréments. Les truies sont confinées dans des stalles individuelles, où elles ne peuvent pas se retourner, au début de leur gestation et pendant toute la maternité. Elles passent toutefois une partie de leur vie dans des enclos en groupe, depuis une directive européenne relative à la protection des porcs de 2013. Elles mettent bas près de trente porcelets par an, puis sont tuées après moins de trois années de service.

Les porcs charcutiers, eux, sont engraissés dans des salles communes depuis leur sevrage jusqu’à leur abattage, 180 jours plus tard. La mortalité est élevée : 14 % des porcelets nés vivants n’atteignent pas cette étape, selon l’Institut du porc.

Au fil des années, le nombre d’animaux par élevage n’a cessé d’augmenter, à mesure que ces derniers se sont concentrés. Avec 25 millions de cochons tués chaque année, la France est le troisième producteur en Europe, après l’Allemagne et l’Espagne. Plus de la moitié du cheptel tricolore se trouve en Bretagne, une région où l’agriculture intensive s’est imposée dès les années 1960.

Suite et fin sur LeMonde.fr
S
ite Internet de L214

F. Boyat

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  • Le propriétaire ... un mois en enfermement avec ses cochons ....et là fermeture administrative !!!! Nous avons un très bon ministre de l'agriculture félicitations a ce connard qui ne comprends rien a rien vivement qu'un autre prenne le relais ...je suis écoeurée

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