Qu’est-ce que l’alimentation biologique ?
L’agriculture biologique est un système de production agricole qui respecte l’environnement dans un sens général et se base sur trois principes fondamentaux :
• Cette méthode de culture respecte la santé des consommateurs en leur offrant des aliments sains et contrôlés.
• Elle respecte la nature par un choix des variétés adaptées au climat local, par la rotation des cultures (terres en jachère) et interdit l’utilisation de produits chimiques de synthèse.
• Elle respecte également les animaux en leur offrant une nourriture dite « bio », privilégie les races du terroir et interdit l’utilisation de certains médicaments (antibiotiques pour les cochons par exemple).
Ainsi par définition, aucun produit chimique de synthèse (pesticide, hormone de croissance, fertilisant et herbicide artificiel) ni aucun additif de synthèse (colorant, exhausteur de goût, édulcorant de synthèse) ne doit être utilisé dans la production, la transformation et la conservation d’un aliment biologique. Il ne doit pas contenir d’OGM (organisme génétiquement modifié). Un produit transformé bio doit avoir au moins 95% de ses ingrédients issus de l’agriculture biologique. Pour les 5% restants le producteur doit avoir une dérogation pour prouver qu’ils ne sont pas disponibles en « bio » (sel marin par exemple).
Plus qu’une tendance, le bio est une sorte de prise de conscience des dangers qu’apporte l’agriculture industrielle pour l’homme et la nature. Il s’agit de penser aux génération futures à qui on lèguera notre patrimoine en gérant les ressources de manière responsable et durable.
Les labels bio
Certains organismes et labels ont vu le jour pour certifier qu’un produit est bien issu de l’agriculture biologique. Voyons les labels les plus représentatifs :
Le label AB (Agriculture Biologique) qui atteste que les conditions évoquées ci-dessus sont respectées. Il a été créé en 1985 par le Ministère de l’Agriculture.
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Le label Nature et Progrès est un label privé créé en 1964 qui réunit les producteurs et les consommateurs. Ce label ressemble au label AB mais est beaucoup plus strict et couvre également des produits non alimentaires.
Le label Agriculture Biologique (label européen) s’appuie sur les mêmes règlementations que le label AB tout en étant un peu moins strict. En effet la présence d’OGM à hauteur de 0,9% et des pesticides (quand il n’y a pas d’équivalent) sont autorisés. Ce label ne se limite pas qu’aux aliments. Il a été créé en 2000 par la Commission Européenne.
Le 100% biologique est utopique
La première limite est qu’il est tout simplement utopique de vouloir supprimer à 100% les résidus chimiques des aliments bio. L’environnement peut facilement être un contaminant (une route même éloignée, la pollution de l’air et de la pluie, les intoxications de sols voisins sont quelques exemples). Les 5% d’ingrédients non « bio » qui constituent les aliments transformés biologiques peuvent également être contaminés. Prenons par exemple le sel marin qui, même s’il n’a pas été traité, a toujours pu être pollué dans la mer par des plastiques, huiles ou autres déchets en tous genres.
Les produits bio ne sont pas plus nutritifs
Il est indéniable que les produits biologiques sont bénéfiques pour la santé car sont dépourvus, en principe (comme nous allons le voir), d’additifs nocifs pour la santé. Le goût est également, selon beaucoup de personnes, meilleur. Ceci est dû à l’utilisation de variétés différentes qui sont moins productives (car ce n’est pas la motivation principale) mais plus goûteuses. D’un point de vue purement nutritif, Denis Lairon, directeur de recherche de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) affirme que les teneurs en minéraux et oligo-éléments dans les fruits et légumes sont « globalement comparables » selon le mode de production (conventionnel ou biologique). En 2009, la FSA (Food Standards Agency) au Royaume-Uni, confirme cette idée en affirmant que les produits biologiques n’offrent pas d’avantages nutritionnels pour le calcium, le fer et la vitamine C, en se basant sur 162 études scientifiques menées pendant ces 50 dernières années. L’AFSSA (L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments qui est devenu l’ANSES) arrive également à ces conclusions dans un rapport de 2003.
Le bio est trop cher !
Selon une étude réalisée il y a un an, dans 1624 magasins, l’UFC Que Choisir déplore le surcoût des produits bio. L’institut affirme que « outre le faible nombre de produits proposés, c’est surtout le prix qui rend ces produits inaccessibles » et rajoute que « le panier de produits bio de marques de distributeurs (Auchan, Leclerc, Carrefour, etc.) est 22 % plus cher que le panier de marques nationales conventionnelles. Pire, il est 57 % plus cher que le panier des marques distributeurs non bio». Pour UFC Que Choisir, le bio doit être accessible au plus grand nombre et arrêter d’être un marché de niche. Il faudrait que les grandes surfaces appliquent les mêmes marges qu’aux produits conventionnels et que les aides soient mieux réparties.
Précisons que le bio est également plus cher pour d’autres raisons. La réduction des traitements implique une augmentation du nombre de personnes travaillant dans les cultures et par conséquent un coût de fabrication plus élevé. La conservation des produits biologiques est moins bonne car il n’y a pas de traitement spécifique (absence de conservateurs artificiels, antifongiques, etc.). Les magasins s’approvisionnent ainsi par de plus petites quantités augmentant encore une fois le coût.
Les aliments « bio » plus sujets aux contaminations
Les aliments biologiques subissent moins de traitements, comme l’ajout de conservateurs de synthèse, d’antifongiques, et sont par conséquent meilleurs pour la santé. Le revers de la médaille est qu’ils sont plus exposés aux contaminations de microbes ou champignons que les aliments conventionnels. En consommant « bio » il est préférable d’acheter en petites quantités et de manger frais. De toute façon qu’elle que soit la technique de culture (biologique ou conventionnelle) du fruit ou du légume, les vitamines disparaissent avec le temps.
L’agriculture bio favorise l’effet de serre
Le titre est, nous l’accordons, un brin provocateur. Lorsqu’un agriculteur se converti au bio le rendement céréalier « chute de 30% à 40% » selon Courrier International. Pour pouvoir maintenir le même rendement il faut donc augmenter la surface cultivée. Si la production bio s’étend au monde entier, cela se ferait au détriment des forêts équatoriales. Claus Felby, professeur en technologie du bois et de la biomasse de l’université de Copenhague affirme que l’impact de l’agriculture biologique sur le climat est « une question très épineuse, qu’il est politiquement incorrect d’évoquer haut et fort. Mais c’est un fait : la production chutera si le Danemark et le reste de l’Europe accroissent la superficie des cultures biologiques. Si nous n’étions que 4 milliards d’habitants sur la Terre, cela ne poserait pas de problème […] Il est donc impératif d’envisager, sans idées préconçues, la meilleure façon d’exploiter les terres agricoles de la planète ». Rajoutons que la méthode des États-Unis est de passer par les organismes génétiquement modifiés.
Certaines personnes pensent au contraire que d’autres pistes sont à explorer et que des alternatives existent. Le directeur du développement de la Fédération nationale des agriculteurs biologiques, Michael Tersbøl, affirme que « l’essentiel de la production céréalière mondiale est aujourd’hui utilisée pour l’alimentation du bétail. Si l’on réduit la consommation de viande, on diminue le besoin de fourrages. La production céréalière pourra ainsi être freinée sans provoquer de déforestation ».
Le gros problème des produits importés
La France importe près de 40% de ses produits bio (en 2009) ce qui est une aberration quand on voit la superficie agricole de notre pays. L’importation augmente bien évidemment les émissions de gaz à effet serre, avec les transports, alors que le concept du bio est de faire dans le local pour justement limiter l’impact environnemental. La France va importer des aliments de l’étrangers alors que les producteurs locaux produisent parfois les mêmes produits et ne sont pas certains de vendre toute leur production. « C’est aberrant! » s’exclame Herni de Pazzis, président du premier grossiste bio français, BioNatura. Certains pays vont complètement à l’encontre de cette philosophie du bio comme l’Espagne, par exemple, qui a littéralement industrialisé le bio et la Hollande qui chauffe des serres en hiver pour cultiver ses tomates bio.
Plus alarmant encore sont les produits dits « bio » importés qui ne respectent pas du tout la règlementation. Au vu du marché, beaucoup de personnes malhonnêtes se sont lancées dans cette filière lucrative en faisant passer leurs produits conventionnels pour des produits biologiques ! Ecocert, qui est un organisme contrôlant les produits issus de l’agriculture biologique, a ainsi, par un contrôle de routine, déclassé 100 tonnes de fruits rouges certifiés bio de Serbie qui avaient été traités avec des pesticides. Ce cas n’est malheureusement pas isolé. Selon l’Expansion, des concombres égyptiens, de l’huile d’olive espagnole, des pommes et du blé argentin ou encore des abricots secs turcs étaient « eux aussi bourrés de pesticides ». Des baies roses du Madagascar aspergées de DDT un insecticide toxique interdit en Europe et du riz américain OGM ont même été importés !
Selon les organismes de contrôle, la plupart des fraudes proviennent de pays situés hors de l’Union Européenne tels que le Kenya, la Chine, l’Argentine, le Chili, Israël, la Turquie, l’Egypte, le Madagascar etc. Les pays européens sont tout de même concernés avec en tête l’Espagne puis l’Italie, la Roumanie etc. (source : bioaddict.fr).
Les différences qui existent dans la règlementation des pays expliquent en partie ces dérives. Les textes sont trop vagues et peuvent être interprétés de différentes manières. De plus, le nombre de contrôles est dans certains pays très insuffisant. Ecocert le confirme :
• En France chaque producteur est inspecté en moyenne 1,6 fois par an (30% des visites à l’improviste).
• En Espagne la moyenne est d’une fois par an (17% de visites surprise).
• En Roumanie seulement 5% des opérateurs sont contrôlés (5% de visites inopinées).
Un autre facteur à prendre en compte est le morcellement des parcelles qui, surtout en Chine, font qu’un agriculteur bio cultivant sur son terrain peut avoir toute sa récolte contaminée par les terres de ses voisins qui font de l’agriculture conventionnelle. La contamination peut se faire par le vent et la pluie entrainant ainsi pesticides, engrais chimiques etc.
Les supermarchés condamnent les petits producteurs
Même si globalement les produits bio sont relativement plus chers que les produits conventionnels, il existe un risque quand à une baisse trop forte de ces produits. Nous avons vu que la France importe énormément de produits bio. Ces produits sont achetés à bas prix et peuvent donc être vendus par la grande distribution à des prix défiant toute concurrence. Auchan a ainsi proposé sous sa propre marque 50 produits alimentaires certifiés bio à moins d’un euro. D’après l’AFP, les grandes surfaces vendent 45% des aliments biologiques ce qui est loin devant les magasins ou marchés spécialisés. Le risque est réel pour les petits producteurs français qui, face à une concurrence déloyale, ne peuvent plus vendre leurs propres produits. Le porte parole de la Confédération paysanne et producteur de céréales bio, Philippe Collin, s’inquiète : « La grande distribution va se servir du bio comme d’un produit d’appel, pour regonfler ses marges, sans se soucier des dégâts sociaux que ça peut entrainer » et pense que les producteurs bio vont se faire imposer à leur tour « des prix qui ne leur permettent pas de vivre ».
Le mot de la fin
Pour finir, il est important de prendre conscience des bienfaits d’une alimentation, au delà du bio, plus saine et dépourvue de produits chimiques compromettant notre santé. Il faut privilégier les produits bio, avec les labels cités plus haut, car vous aurez toujours moins de chance, en les consommant, de tomber sur des aliments bourrés d’additifs toxiques. Il faut également privilégier les produits de la ferme, revenir à des aliments plus sains et « authentiques ».
L’idéal serait d’acheter certains aliments bio (français) dans des magasins spécialisés, dans les marchés ou d’adhérer à des associations qui, contre un abonnement, fournissent chaque semaine des paniers de légumes bio (Jardins de Cocagne par exemple). On peut également acheter des aliments sains à de petits exploitants de sa région (Producteurs de ma région ou Comptoirs Fermiers par exemple) par des ventes directes de producteurs à consommateurs. Manger plus sainement est accessible à tous, il suffit de changer ses habitudes !