Avec un marché qui s’élevait en 2006 à 3,4 milliards de dollars US et avec l’apparition de 500 nouvelles marques cette même année, la boisson énergisante est un créneau visiblement porteur.
Les campagnes publicitaires de ces boissons énergisantes font référence aux sports extrêmes mettant en avant des athlètes de haut niveau. Les fabricants misent tout sur la puissance de leurs boissons avec des ingrédients stimulants tels que la caféine, le guarana (plante contenant de la caféine), le sucre (Glucuronolactone par exemple), la taurine, l’arginine et des vitamines.
La promesse de ces boissons est clairement la performance.
Elle vous « donne des ailes » (Red Bull), stimulerait votre corps et votre esprit. Les energy-drinks ciblent clairement les adolescents et jeunes adultes qui les consomment surtout dans les bars, discothèques, manifestations sportives (VTT, Kite surf, sports mécaniques etc.) ou lors de périodes d’examens pour se concentrer.
Depuis leur mise sur le marché des études ont été faites sur l’impact qu’elles ont sur la santé d’une manière générale, mais également lorsqu’elles sont consommées avant une pratique sportive ou mélangées à de l’alcool.
Effets des boissons énergisantes en général :
Rappelons que ces boissons sont déconseillées aux enfants, adolescents et femmes enceintes ou qui allaitent.
Ces boissons sont très acides et très sucrées (l’équivalent de 5 sucres pour une canette de 250ml) ce qui attaque l’émail des dents provoquant des caries à répétition.
D’autres effets indésirables liés à une consommation excessive de boissons énergisantes sont les vomissements, les troubles du rythme cardiaque et les nausées (plus de détails ci-dessous).
Boissons énergisantes et le sport :
Attention tout d’abord à ne pas confondre boissons énergisantes (Dark Dog, Red Bull, Burn etc.) avec les boissons dites énergétiques (Powerade, Gatorade etc.) ! Ces dernières sont adaptées à l’effort et répondent à des critères nutritionnels très précis (apport énergétique, réhydratation, assimilation des nutriments etc.)
Les boissons énergisantes tirent parti, entre autres, de la combinaison sucre et caféine pour fournir de l’énergie. Elles ne sont quand à elles pas du tout adaptées à la pratique sportive et sont littéralement néfastes comme nous allons le voir.
En effet le docteur Frédéric Maton de l’IRBMS (Institut Régional de Biologie et de Médicine du Sport) fait l’analyse des principes actifs d’une canette de « Red Bull » de 250ml en comparant les doses apportées par la boisson et les doses nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme tout en relevant leurs effets sur la santé. Voyons un par un ces principes actifs :
La Caféine contenue dans une canette (80mg) est proche de la dose ou l’on commence à ressentir son effet indésirable (entre 100 et 160mg) tout en sachant que la limite supérieure de consommation de caféine par jour est de 200mg. Il existe ainsi un risque d’absorber une dose toxique de caféine qui entraine des effets secondaires néfastes comme des problèmes :
– Cardiovasculaires (hypertension artérielle, tachycardie) pouvant dans des cas extrêmes entrainer une mort subite.
– Urinaires par la fuite des minéraux (magnésium, sodium, calcium) ce qui peut accentuer des désordres électrolytiques lors d’un effort, entrainant blessures et diminuant la récupération. L’effet diurétique entraine quand à lui la déshydratation.
– Respiratoires (brochodilatation)
– Digestifs (stimulation de la motricité intestinale, augmentation de l’acidité gastrique etc.)
– Neuro comportementaux (anxiété, irritabilité, tremblements etc.)
Notons également que la caféine n’est pas un bruleur de graisse et donc n’a qu’une faible utilité dans un période de « sèche » en musculation par exemple.
La Taurine (extrait de la bile de taureau et non des testicules comme le veut la rumeur) contenue dans une canette est de 1000mg. Or avec une alimentation équilibrée on arrive aux alentours de 120mg par jour sans dépasser 180mg par jour (avec une canette on multiplie par plus de 5 la dose maximale quotidienne absorbée en temps normal). Aucune étude ne montre un quelconque effet positif d’une « surdose » de taurine. On peut toutefois craindre qu’à une dose aussi forte la taurine puisse avoir un effet inverse (pro oxydatif) comme beaucoup d’autres antioxydants quand ils sont consommés en surdose.
Le Glucuronolactone (un sucre naturellement présent dans l’organisme) est présent à hauteur de 600mg par canette alors que l’apport naturel est de 1 à 2mg par jour, soit environ l’équivalent de 600 jours d’apports alimentaires ! A une forte dose la Glucuronolactone est toxique pour les reins.
Les Vitamines (B5 : 5mg, B6: 5mg, B12: 0,005mg)
Les besoins en vitamine B étant normalement couverts par les aliments d’origine animales, il y a « aucun bénéfice sur la santé, ni sur les performances » en augmentant ces apports selon l’IRBMS.
Une surdose en vitamine B entrainerait, même si la toxicité n’a pas clairement été démontrée, des problèmes neuro comportementaux (troubles comportementaux et problèmes mnésiques).
L’Acide Nicotinique (20mg par canette) est naturellement présent dans le corps car fabriqué par le foie. Nous n’avons ainsi pas d’utilité à le consommer dans notre alimentation. La dose d’une canette est d’autre part proche de la limite de sécurité (33mg par jour).
L’Arginine (un acide aminé) présent dans le « Bullit » a une utilité controversée chez les sportifs, et peut à de fortes doses déséquilibrer le pool circulant des acides aminés et rompre leur équilibre.
Les boissons énergisantes et l’alcool :
Mélangées à de l’alcool elles masquent les signes d’ébriété du consommateur avec tous les risques qui en sont liés. «Quand on boit trop d’alcool, le corps envoie des signes. On a la bouche sèche, un petit mal de tête… Les boissons énergisantes annulent ces signaux. Et puisqu’on se sent bien, on continue de boire.» Hubert Sacy, directeur général d’Educ’Alcool (Canada). Ceci rejoint l’avis de l’AFSSA qui déconseille également ce mélange.
Ainsi on se sentira capable de conduire sa voiture malgré un taux d’alcoolémie trop élevé par exemple, se blesser sans en mesurer la gravité ou encore d’avoir des rapports sexuels dépourvus de protection d’après Johanne Dubé, infirmière à la Clinique Jeunesse.
Comment les boissons énergisantes sont elles apparues en France ?
Nous nous rappelons tous de la polémique autour de la commercialisation de la « Red Bull » en France.
Pourquoi Red Bull ? Tout simplement parce que c’est le stéréotype des energy-drinks qui possède à elle seule 52% des parts de marché pour le début 2010 (d’après www.rayon-boissons.com).
Ce produit était commercialisé depuis des années à l’étranger mais posait problème en France (interdit depuis 1996). En mai 2008 la Red Bull (une version sans Taurine et sans Glucuronolactone) finit par être mise sur le marché français car l’Etat n’a pas pu démontrer la nocivité de cette boisson. A partir du 15 juillet 2008 c’est la « vraie » Red Bull qui est commercialisée. La demande explose de la part des consommateurs et les prix augmentent.
Les « shots » : de véritables bombes !
Le marché des boissons énergisantes s’essoufflant peu à peu incite les fabriquant à sans cesse innover. La dernière trouvaille est ce qu’on appelle les « shots » directement venus des Etats Unis. Vous pouvez désormais vous rebooster avec ces mini-bouteilles de 5cl ou 2,5cl qui se boivent en « complément » des canettes classiques selon le chef de produit Burn de chez Coca-Cola, Cloé Von Kraufe. En effet elles peuvent être transportées partout, dans une poche, dans un sac à main pour être bues à n’importe quel moment de la journée (ou de la nuit).
Ces petites canettes sont extrêmement puissantes : elles sont environ 5 fois plus concentrées que les canettes classiques ! Absorber en une ou deux gorgées une boisson contenant une énorme quantité de caféine et autres stimulants est bien évidement dangereux pour la santé d’autant plus que pour se désaltérer on peut être tenté d’en boire plusieurs. L’association Consommation logement Cadre de Vie (CLCV) met en avant une étude aux Etats Unis de 2008 qui constate une augmentation des cas d’intoxication à la caféine par les energy-drinks. Certaines marques ont été retirées du marché du Canada, de l’Angleterre et de l’Australie car leurs produits étaient clairement nocifs pour la santé.
La responsable nutrition de chez Coca-Cola recommande de « ne pas dépasser plus d’un shot par jour » et déconseille la consommation aux enfants et aux personnes sensibles à la caféine. Ceci n’empêche pas le groupe « d’organiser des soirées étudiantes parrainées par Burn energy ce qui incite évidemment les jeunes à associer boissons énergisantes et alcool » d’après agoravox.fr. Le distributeur de Dark Dog invite quand à lui à « diluer un volume de shooter dans trois volumes du liquide de votre choix » toujours d’après agoravox.fr.
Ou en est-on a l’heure actuelle ?
Les petites canettes ont, 6 mois après leur lancement, des résultats plutôt mitigés et sont même un « flop » d’après rayon-boissons.com. En effet, peu de distributeurs commercialisent ces mini-canettes car elles sont très fréquemment volées du fait de leur petite taille ! Un système d’antivol ou un meilleur positionnement, proche des caisses (à la manière des chewing-gums) est envisagé pour qu’il y ait moins de vols et une « impulsion » d’achat.
D’une manière plus générale notons que le marché de la boisson énergisante est probablement arrivé à son apogée. Les consommateurs sont de plus en plus conscients de la composition « chimique » et potentiellement « dangereuse » de ces energy-drinks et seront peut être amenés à consommer d’autres types de boissons.
Certains groupes misent sur des boissons énergétiques naturelles (Chamane par exemple de Deveurop au guarana). D’autres misent sur des boissons « bio » mélangeant des ingrédients bio (gingembre, jus de fruit, antioxydants naturels etc.) comme la marque Power Shot.
Certains fabricants vont même jusqu’à proposer des boissons qui sont au contraire apaisantes pour l’organisme en surfent peut être sur le créneau porteur de demain…
Vous pouvez retrouver la suite de l’actualité ici : Four Loko, la boisson énergisante alcoolisée.