Alicaments

 

Qui n’a jamais entendu parler « d’alicament » ? Ce terme est une contraction du mot « aliment » et « médicament ». Certains alicaments se vantent de nous protéger contre les problèmes de santé et d’autres nous promettent de nous soigner. Que valent réellement ces produits récemment apparus sur le marché de l’agroalimentaire? Tiennent-ils toujours leur promesses ? Sont-ils dangereux pour la santé ou offrent-ils des vertus miraculeuses ?

Exemples d’alicaments :

Les rayons de nos supermarchés sont garnis d’alicaments tels que des laits avec plus de fer et de calcium, des œufs et de la margarine enrichis en omega 3, des barres chocolatées et des jus de fruits enrichis de vitamines, des céréales pour le petit déjeuner enrichies en fibres, minéraux etc.

Certains aliments sont ainsi enrichis en omega 3 (les œufs Matines, Carrefour, Lustucru ou la margarine St Hubert par exemple) qui pourraient être un « substitut » aux personnes qui ne mangent pas de poissons ou de fruits de mer (même si cet apport en omega 3 est plus faible).

D’autres aliments enrichis en probiotiques sont destinés réguler le transit intestinal ou à équilibrer la flore intestinale (les yaourts au « Bifidus actif » ou les laits « Actimel », « Activia » et « Yakult » par exemple). La consommation de ces produits pourrait probablement (mais cela reste une hypothèse)  « dérégler » la flore intestinale de personnes qui n’ont pas de problèmes intestinaux, dès lors que ces produits ne seraient plus consommés car le corps s’y serait habitué formant une sorte de « dépendance » aux micro organismes (selon Myriam Faure, mag-nutrition.com).

Un marché florissant…

Avec une croissance annuelle à 2 chiffres, le marché des alicaments est devenu très porteur depuis quelques années attirant les géants de
l’agroalimentaire (Danone, Unilever, Nestlé…) et les grands groupes pharmaceutiques. Selon une étude de ACNielsen en 2004 sur l’évolution des marchés agroalimentaires, 75% des 24 catégories les plus dynamiques intègrent la composante santé. Les alicaments représentent en France 3 à 4% du marché contre plus de 10% pour les Etats Unis et le Japon.

Les industriels lancent de grandes campagnes de marketing pour leurs nouveaux produits n’omettant pas de préciser « scientifiquement prouvé ». Mais la règlementation européenne est beaucoup plus stricte que chez nos voisins. En effet depuis 2006 la EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) veille à ce que les mentions élogieuses sur les étiquettes soient fondées par des preuves scientifiques.

La EFSA reçoit des demandes d’allégation, par les géants de l’industrie alimentaire, les étudie et transmet ses recommandations à la Commission Européenne qui prend la décision sur la communication des bienfaits. Au final il ne s’agit pas de retirer le produit du marché (car le produit n’est pas forcément dangereux) mais juste d’interdire un étiquetage mensonger car non prouvé scientifiquement.

En 18 mois un millier d’avis ont été rendus dont les 3/4 étaient négatifs (selon Le Figaro). Ocean Spray par exemple, s’est vu refuser la promesse de sa boisson à la canneberge qui soit disant diminuerait le nombre d’infections urinaires.

En revanche les industriels dont les produits ont été validés par la EFSA comptent bien entendu en profiter pleinement (Margarine « Fruit d’Or Proactiv » d’Unilever qui permettrait de « réduire le mauvais cholestérol »).

Du point de vue du consommateur …

Il est vrai que le consommateur peut être surpris et méfiant face aux produits « améliorant » la santé. Ainsi  «Le défi pour les industriels consiste à dépasser cette image trop marketing auprès des consommateurs comme des médecins avec de véritables preuves scientifiques», relativise Laurent Billes-Garabedian, associé chez OC&C. Encore faut-il que l’argument de vente soit prouvé, ce qui n’est pas le cas des Etats Unis et du Japon où des boissons « anti cancer » côtoient les chewing-gums « anti rhume ».

Il est nécessaire de rappeler qu’une bonne alimentation riche et variée ne peut être compensée par des alicaments. En effet certaines personnes seraient amenées à penser qu’en consommant un produit riche en vitamines elles pourraient pallier leur non consommation de fruits par exemple.  De toute évidence la majorité des aliments de base d’une alimentation équilibrée possède tous les composants essentiels (vitamines, minéraux, fibres alimentaires etc.) pour nous assurer une bonne santé sans quoi nous aurions déjà tous des carences et serions tous malades. De plus «Il faut en tout cas cesser de croire qu’un aliment peut soigner une maladie » explique le docteur Michel Roulet, ex directeur de l’Unité de nutrition clinique du CHUV.

Cet effet de mode doit rendre le consommateur vigilant aux promesses des produits même s’il y a une règlementation établie. Pensez vous réellement qu’un verre d’eau au cours d’un repas complet puisse réellement vous rajeunir par exemple ?

Vidéo Journal Télévisé France 2 :

Vidéo Alimentation et Santé – Vraies et fausses idées :

F. Boyat

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